mercredi 26 octobre 2016

le corps familial

Quand on parle de famille, les patients évoquent immédiatement les rapports qu'ils entretiennent avec leurs parents, leurs frères et soeurs. Il est moins évident pour eux, dans un premier temps, de nommer les processus d'identification et de contre identification à l'oeuvre dans le groupe, ainsi que les problématiques liées aux loyautés familiales, celles-ci étant souvent implicites.

Ces phénomènes pourtant conditionnent la plupart de nos façons d'agir, même inconsciemment, comme par exemple la façon de nous nourrir, de nous vêtir, de construire notre corps etc.
Des choses qui parlent de nous, qui colorent notre rapport au monde, sans en passer cependant par la parole.



Récemment, questionnant son rapport à l'autre, il est revenu en mémoire à une de mes patientes ce fait important : le moment où sa mère s'était fait refaire le nez. Avec cette opération (qui signalait une forme de mal être, matérialisait un refus de son apparence), cette femme brisait une loyauté. Elle n'aurait plus jamais le nez de telle lignée de la famille.
Puis, juste après l'intervention, il y eut une période où cette femme refusait les embrassades ou les contacts trop fusionnels car elle avait peur des chocs sur son "nouveau nez". Avec ses bras, elle faisait rempart entre son visage et l'autre.
Evidemment, rien n'a jamais été dit en famille de cela. Tous ces processus de refus, de renaissance, de mises à distance se sont réalisés sans mot, en passant par le corps.
Inutile de préciser que ma patiente, la fille de cette femme, a, dans ses rapports à l'autre, des difficultés à s'approcher doublées... d'un grand besoin de s'approcher. Ce qui induit des manifestations corporelles elles-aussi singulières.
La famille, c'est bien une histoire de chair.



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