l'art d'être là

Une photo de Marco Anelli,
d'après la performance
de Marina Abramovic.

Il n'est pas rare que, dans certaines formes artistiques, on rencontre de la complicité. Comme si un artiste avait mis en pratique ou matérialisé une de nos pensées, un de nos désirs.
C'est chaque fois à la façon de l'artiste, donc éloigné de ce que nous aurions nous-mêmes produit pour nous exprimer, mais c'est là, troublant, et particulièrement émouvant parfois.

C'est ce qui m'est arrivé avec la performance de Marina Abramovic, qu'une fois n'est pas coutume, j'ai envie de privilégier par l'image.


La performance est nommée "the artist is present", ce qu'on peut traduite très prosaïquement par l'artiste est présent mais qui est aussi l'expression utilisée pour indiquer : en présence de l'artiste.

Marina Abramovic s'est placée plusieurs mois au MoMa, à New York, six jours sur sept et pendant environ huit heures d'affilée par jour, assise à une table. En face d'elle, une chaise vide, sur laquelle les visiteurs pouvaient prendre place pour une durée de leur choix.
Elle donne sa présence, mais l'œuvre n'existe que si quelqu'un vient s'asseoir en face d'elle, que si un  spectateur devient acteur.

Le dispositif de la performance arrive alors à faire coïncider l'exigence de la pleine présence de l'artiste, et celle de la co-création artiste/spectateur. Ce qui est parfaitement la configuration requise pour une psychothérapie (je pourrais même ajouter, la seule configuration qui donne à la psychothérapie son efficacité). J'ai souvent eu le fantasme de m'installer dans la rue avec un dispositif équivalent pour des journées de thérapie non stop.

Le blog en lien ici ne montre que les photos des personnes dont l'émotion a suscité des larmes au cours de la performance. Mais en cliquant sur sa rubrique Marina Abramovic Hotties, on a d'autres visages. La durée pendant laquelle ils se sont tenus devant Marina A. est aussi indiquée.
C'est très beau.