lundi 20 août 2012

À quoi ça engage


J'avais en tête de publier ici quelques lignes sur la première séance, sa gratuité ou non, avec, en fond, la question de l'engagement du psy, quand un couple de ma connaissance fait appel à moi. Plus exactement la femme du couple, connaissance de longue date.
Elle et lui sont chacun en analyse, lui depuis moins longtemps (j'imagine que c'est elle qui l'a d'abord incité à cette pratique).
Leur couple a traversé plusieurs tempêtes, comme la plupart des couples, et il en est arrivé à une situation de rupture, voulue et vécue de façon assez divergente que l'on regarde de son côté à elle ou de son côté à lui.

Dans beaucoup d'histoires qui se mènent à deux, où l'on pourrait imaginer une infinie compréhension née d'une intime cohabitation, les deux parties finissent paradoxalement par relire leur partition commune d'une façon quasi opposée.
La présence d'un tiers se fait alors sentir, presque naturellement. Ce n'est pas ce troisième qui sera juge, ou témoin. Il sera traducteur en permettant à la parole une manière de rebond, comme dans les jeux de balle, au cours duquel cette parole perdra vitesse et violence et adoptera un trajet singulier.
C'est fou, quand elle est consentie, ce que la lenteur apporte, et tout le temps qu'elle fait gagner.

C'est cette démarche, assez posée et plutôt positive, que veut mener cette femme. Qu'ils se séparent, certes, mais pas sur le sentiment d'un mal-entendu. Elle souhaite donc ce dispositif simple, un couple et un thérapeute averti, pour bien entendre et pour se faire bien entendre. N'est-ce pas légitime ?

Je ne suis évidemment pas dans la situation d'être le tiers de par mes liens avec eux deux : mon amie fait appel à moi pour avoir les coordonnées d'un autre professionnel.
Car son psy habituel n'a trouvé personne à lui conseiller pour cette démarche – "il n'aime pas trop ce genre de truc", me glisse la jeune femme. Sollicité, le psy du conjoint non plus ne connaît personne susceptible de les recevoir.

On peut sincèrement s'interroger sur ce manquement. S'imaginer qu'il s'agit, chez ces deux psys, de projections négatives sur la thérapie de couple. Ou de projections négatives sur les bénéfices que leurs patients respectifs pourraient retirer de cette expérience ? On peut penser aussi que c'est leur peur de la situation (car se trouver face à deux clients, c'est souvent devoir accepter d'être un "mauvais psy" pour au moins l'un des deux) qui leur fait dévaluer cette pratique.

Les suggestions seraient multiples. Mais de toute façon c'est attristant d'imaginer des professionnels, a priori mobilisés pour leurs patients, se désinvestir subitement, dans un moment critique.


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