mardi 13 décembre 2016

la force du fragile

Occupé ce week-end par notre groupe Moi et le corps, je n'ai découvert qu'hier la prestation de Patti Smith devant l'Académie suédoise.

Comme chacun le sait sûrement, la chanteuse, venue représenter Bob Dylan pour la remise du prix Nobel de littérature à Stockholm, avait choisi d'interpréter A Hard Rain's a Gonna Fall. 
De façon imprévue, l'émotion lui a fait oublier les paroles du second couplet et, s'interrompant, Patti Smith s'est excusée, a exprimé sa nervosité en souriant et a demandé à reprendre le morceau pour terminer sa prestation en beauté.


Saisi par la force poétique de ce moment, je l'ai visionné plusieurs fois sur Internet. N'est-ce pas une évidente démonstration de la force, de la puissance de la vulnérabilité ?


On peut sans peine imaginer que si la prestation de la chanteuse avait été sans faute, ce n'aurait été qu'un joli moment parmi d'autres, une intervention réussie (et oubliable) au sein d'une réception officielle comme il faut.

Mais grâce à cette défaillance, c'est comme si notre propre humanité nous faisait signe : l'imperfection ajoute son surplus de présence, d'inattendu et de tendresse. C'est un évènement dont on se souviendra longtemps.

C'est la capacité qu'à l'artiste d'accueillir son émotion (fut-elle vécue comme perturbatrice) qui lui permet, avec simplicité, de traverser cet incident. Ni gêne, ni balbutiement, ni effondrement.... Simplement la prise en compte de son imperfection momentanée, de sa sensibilité, et de sa capacité, à d'autres moments, à contacter son immense talent. Une belle leçon.

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